10 Mar Dormons-nous pour oublier?
« De récentes études publiées dans le magazine Science par des chercheurs américains donnent de nouvelles informations sur l’importance d’avoir un sommeil de qualité. »
La science s’interroge encore et toujours sur les véritables objectifs du sommeil. Les chercheurs tentent de percer les secrets de son mécanisme. En plus de permettre à nos réserves d’énergie de se reconstituer, d’optimiser la plasticité du cerveau et de favoriser l’apprentissage, deux nouvelles recherches publiées la semaine dernière dans le magazine Science avancent que nous dormons aussi pour oublier les choses inutiles et vider notre mémoire de celles qui sont considérées comme moins importantes. Leur conclusion : l’objectif premier du sommeil serait d’effacer les souvenirs inutiles afin de mémoriser les plus importants.
Les chercheurs ont mené une expérience sur des souris en les divisant en deux groupes. Le premier groupe a été privé de sommeil, le second pouvait se reposer à volonté. Ils ont alors constaté que les souris qui avaient eu l’opportunité de bien dormir présentaient dans leur corps de fortes concentrations de la protéine « Homer1a », responsable de la conservation des souvenirs les plus utiles. Les recherches ont aussi démontré que le cerveau supprimait les éléments moins importants de la mémoire en analysant que le nombre de synapses dans le cortex – des zones de contact entre les neurones responsables de la mémoire et de la capacité d’apprentissage – avait chuté de 20 % pendant leur sommeil.
Les somnifères peuvent nous priver de souvenirs
Les rongeurs en état d’éveil, par contre, n’ont pas démontré de telles réactions. « Le sommeil n’est pas un temps d’inactivité pour le cerveau », a expliqué un des chercheurs, cité par le site Atlantico. « Par conséquent, il ne faut pas se priver de repos la nuit. Sans sommeil, les souvenirs importants sont en danger, ils peuvent être perdus », prévient-il. Cette étude apporte donc des preuves concrètes de l’importance d’un sommeil de qualité pour une consolidation complète et juste de la mémoire.
De nombreuses recherches ont aussi déjà porté sur les effets néfastes de l’insuffisance ou de la privation de sommeil sur la mémoire. Une autre étude publiée dans Science avance que la privation de sommeil nuit à la capacité du cerveau à former de nouveaux souvenirs. Elle a été dirigée par Graham H. Diering, chercheur post-doc à la John Hopkins University de Baltimore aux Etats-Unis. Il met aussi en garde contre la consommation de somnifères dont le mécanisme peut « saboter » l’équilibre chimique des cellules du cerveau nécessaire à l’apprentissage et à la formation des souvenirs. »